Penché sur ses croquis, ses notes étalées sur son bureau, il travaillait depuis plusieurs heures à l’écriture de la synthèse de ses observations et ses idées commençaient à s’embrouiller. Il leva les yeux vers la pendule et décida qu’il était temps de faire une pause. Il attrapa sa canne posée contre l’accoudoir et s’extirpa de son fauteuil. Tranquillement, comme chaque jour, il sortit de la maison et traversa le parc.
Il faisait doux en ce milieu de printemps dans le Kent. Les rhododendrons et les rosiers étaient en fleurs, et dans ce décor coloré, une multitude d’insectes virevoltaient. Il faudrait qu’il s’y intéresse plus précisément un jour. Il y avait tant à faire, tant à découvrir, au bout du monde ou simplement dans son jardin.
Toujours perdu dans ses pensées, il atteignit l’extrémité de la propriété et s’engagea dans une petite allée bordée d’arbres. Il aimait marcher le long de ce sentier sinueux qui suivait un temps les champs voisins avant de s’enfoncer dans les bois puis de retrouver le parc. Cet immense jardin qu’il avait créé, plantant certaines essences d’arbres, rapportant certaines variétés de plantes, était tout à la fois son refuge, son exutoire, son laboratoire… Le souffle du vent dans les feuillages, le crissement de ses pas sur les feuilles sèches, le chant des oiseaux… Ces bruits familiers ne le distrayaient pas de ses pensées mais au contraire l’aidaient à se concentrer. La Nature fascinante s’y révélait à lui, éclaircissait ses raisonnements, calmait son esprit exalté d’idées qui bousculaient les connaissances. Ce chemin à travers son jardin était aussi tortueux que ses pensées dans son esprit mais il le ramenait toujours à bon port.
- L’homme qui disparaît
- Lumière