D’abord, elle avait cru qu’il plaisantait… Mais quand il commença à lui expliquer le fonctionnement des toilettes sèches, elle comprit qu’en effet celles-ci étaient bien au fond du jardin.
Certes, elle avait besoin de repos, de nature, de solitude, d’authenticité, mais là, son assistante avait peut-être été un peu zélée en lui louant ce gîte. Perdu dans la montagne, il était d’un confort… rudimentaire : une seule petite pièce claire et propre qui avait dû autrefois servir de refuge à des bergers. Un bac en fer blanc transformé en évier, une gazinière datant du siècle dernier, un lit suspendu accessible par une échelle branlante, un buffet servant tout à la fois de garde-manger, de vaisselier et d’armoire, une table accompagnée d’une seule chaise, et un fauteuil recouvert d’un plaid placé devant un poêle.
– Si vous avez besoin d’une lampe pour traverser le jardin de nuit, elle est accrochée près de la porte, lui dit le vieil homme. Mais dans les toilettes, y’a l’électricité.
– J’ai mon portable, répondit-elle. Il n’eut pas l’air de comprendre le rapport, mais s’en alla sans un mot de plus.
La pluie tombait, la nuit aussi. Elle sortit par la porte arrière. Le faisceau de la torche de son téléphone fendit l’obscurité du crépuscule. Ses talons hauts s’enfonçaient dans la terre ramollie manquant à chaque pas de la faire tomber. Empêtrée avec son parapluie et dans son tailleur, elle eut du mal à ouvrir la porte de la cabane en bois et à s’y glisser. Elle tira sur la ficelle qui avait l’air de servir d’interrupteur au lustre suspendu au-dessus de sa tête et une nuée d’insectes se mit à virevolter autour de l’ampoule. Elle soupira.
Puis, par le cœur percé à travers la porte, elle aperçut la lune, pleine, magnifique, étincelante, et elle sourit.